En ce début d’année, j’ai eu envie de mettre sur papier quelques réflexions de 2022 et propositions pour 2023.
Ce qui m’a frappée en 2022 est la pénétration grandissante des questionnements au sujet de la transition écologique et du développement durable. On aura beau chez les initiés critiquer ce terme, le blâmer pour tous les maux de manque d’ambition des organisations, de greenwashing et de croissance éperdue, même si elle est verte, je sais bien qu’il n’est pas encore acquis par les dirigeants des organisations. D’ailleurs, le terme ESG s’impose comme alternative terminologique encore moins sexy, mais si ça fait avancer les choses... En parallèle cependant, parlons de post-croissance, d’économie régénératrice, c’est plus enthousiasmant et la porte ouverte à de vraies transformations engagées, qui suivent les principes de la vie pour créer plus de vie. Vous pouvez voir ici l’article écrit par un collectif d’amis experts de la transition pendant notre recherche de sens en pleine Covid.
2022 a vu défiler d’évidentes contradictions: un plan ambitieux aux États-Unis (le Inflation reduction act) en parallèle de lois anti ESG dans plusieurs états; les 2 COPs de l’année, amenant des engagements prometteurs et ambitieux, historiques même notamment sur le fonds de pertes et dommages et la biodiversité, mais on remarque la courbe des émissions qui nous éloigne des cibles au Canada, les changements politiques liés à la Covid et à l’inflation qui détournent les investissements, les conflits autour de la guerre en Ukraine, qui permettent de négocier des arrangements avec nos engagements collectifs.
Certains investissements dans les entreprises sont encore écartés car incapables de démontrer un retour à court terme, en général car il est calculé en excluant plusieurs revenus et coûts. En effet, ceux-ci sont soit assumés par d’autres (nos fameuses externalités, comme le coût de gestion de la fin de vie des produits, les impacts négatifs sur la santé, etc.), soit exclus des méthodes traditionnelles de calcul, comme les coûts et des bénéfices environnementaux et sociaux qui ont pourtant un impact financier ultime très important. Pensons simplement à la fidélisation des employés ou l’attractivité accrue qui diminuent le coût du recrutement.
On voit que l’innovation est encore peu inspirée d’économie circulaire, bien qu’en croissance. Le biomimétisme est encore globalement inconnu des dirigeants. On parle de 6G et de technologies à l’infini, alors que les métaux critiques vont manquer dans moins d’une génération.
Plus près de nous, j’ai été frappée des chiffres montrés dans l’étude de Québec Net + indiquant que la moitié des entrepreneurs ont conscience que leur entreprise n’apporte pas de valeur ajoutée à la société. J’ai déjà lu que plus de 70% des marques pourraient disparaître sans que notre qualité de vie en soit négativement impactée. Si ceci n’est pas un signe de remise en question urgente, avec de grandes questions sous-jacentes: quelle empreinte ai-je envie que mon entreprise laisse aux générations futures? Quelle est la raison d’être fondamentale de mes activités, celle qui justifie mon existence?
En 2022, même si la conscience de la gravité de la situation a augmenté et certains sujets ont gagné en visibilité, comme la justice climatique et l’économie circulaire, les liens avec les activités des entreprises sont encore difficiles à faire par les entrepreneurs et dirigeants, qui doutent de leur capacité d’agir. La notion de croissance est bien ancrée et difficile à remettre en question. Combien de discussions ai-je eues avec des dirigeants sur les perspectives de croissance, les nouveaux marchés, l’expansion… Et pourtant croissance n’est pas synonyme de succès, d’efficacité ni de santé financière. Encore moins de qualité de vie et de santé mentale. Alors,la croissance infinie? Quelques entrepreneurs la questionnent déjà avec réalisme.
Enfin, la compréhension des changements climatiques est globalement connotée de contraintes, de visions cataclysmiques et ultimement, génère une perception d’impuissance et de fatalité.
Le changement aura lieu, avec ou malgré nous. Les entreprises vont perdre dans le temps l’accès à certaines ressources ou capacités (emballages plastiques, certains aliments ou ingrédients, des jours de travail pour cause de canicule ou événements climatiques extrêmes, etc.). Certaines verront leur vie facilitée, ou leurs services auront une plus grande utilité sociale. Il serait bon d’y penser avec un temps d’avance. J’invite les dirigeants à voir ce défi comme une opportunité de repenser leurs modèles d’affaire, d’innover pour apporter des solutions concrètes à des enjeux de société, de collaborer avec d’autres personnes inspirées, de donner encore plus de créativité et de sens à leurs activités. Nous voyons tous les jours dans nos accompagnements que les collaborateurs veulent cette transition et sont prêts à s’y consacrer avec enthousiasme.
Les entrepreneurs d’impact sont de plus en plus nombreux, les connaissances et la technologie sont parfaitement accessibles, le financement est en route. Réfléchir à ces questions n’est-il pas la chose la plus enthousiasmante à aborder avec vos équipes?
L’année 2023, celle de la conscience et du courage dans l’action?
Vos réflexions sont les bienvenues.
Crédit photo: sharon-pittaway-N7FtpkC_P7o-unsplash
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