Pour des raisons familiales je suis amenée à revenir régulièrement dans ma ville d’origine, Nancy. J’ai donc décidé de prendre plus de temps à rencontrer des gens qui font changer les choses, dans ce cas Laurence Flayeux et Gwendoline Dessauvages, de Destination Nancy, qui ont bien voulu partager leur démarche. Étant très impliquée en tourisme durable et de plus en plus régénératif au Québec, je voulais savoir comment ma ville adressait ce sujet et j’ai été impressionnée. En premier lieu par la réflexion sur l’accessibilité pour les personnes ayant des difficultés fonctionnelles, sujet pris en compte depuis longtemps et appliqué au tourisme urbain. J’ai apprécié à sa juste valeur la réflexion structurée autour de quatre limitations: mobilité, vue, ouïe et neuro diversité. Chacune à ses réponses propres conçues avec des personnes qui vivent avec ces limitations. Des outils informatiques et activités spécifiques sont proposés aux clientèles concernées avec des guides formés et des outils communicationnels dédiés, comme ce guide ultra simplifié sur l’histoire de la ville, rédigé et illustré par des personnes issues de la neurodiversité.  

C’est le label Ville durable et innovante que Nancy a choisi, pour une approche holistique du tourisme. Chapeautant les événements corporatifs et culturels de la ville, un des gros sujets est d’évidence celui des événements écoresponsables. Exit le concept de carboneutralité, maintenant banni du vocabulaire en France pour les produits et entreprises. C’est le label Bas carbone qui prend le relai, créé par le gouvernement français pour authentifier des projets de réduction des émissions ou de séquestration sur le territoire. Les porteurs de projets sont mis en relation avec les organisations qui souhaitent financer la transition (en ayant compris qu’il ne s’agit pas de compensation carbone en vue de rendre leur activité carboneutre, mais d’une contribution à la diminution de l’empreinte carbone nationale).  

Mon petit coup de cœur du marché de Saint-Nicolas (hé oui, dans le nord-est de la France c’est Saint-Nicolas le super héros, pas le Père Noël!), l’entreprise familiale de produits du chanvre, Chanvr’eel, hyper locale et complètement optimisée, allant de l’huile, au savon, à la poudre de protéines. Avec un deuxième prix au concours international de la meilleure huile de chanvre (oui oui, ça existe!), l’entreprise s’impose dans une ambition d’agriculture génératrice. Très faible consommation d’eau, utilisation de toute la plante, préservation de la biodiversité et qualité nutritives et cosmétiques ainsi que comme matériau d’éco-rénovation, puisqu’il capte intensivement le carbone.

En préparation de mon voyage en Colombie, j’ai cherché des entreprises BCorp à rencontrer. J’ai eu la chance d’être reçue à We Work Medellin par Alejandro Zapata Arango, un homologue, fondateur et patron de Portafolio verde, une firme de conseil assez comparable à Ellio, mais adaptée aux besoins locaux d’un pays où le plancher social n’est pas assuré pour tous. Son équipe travaille sur des sujets de décarbonation et d’accompagnement stratégique comme nous, mais contexte oblige, elle s’implique particulièrement dans les projets de développement rural et communautaire. Le coup de cœur, c’est la fondation Portafolio verde qui investit dans des projets de régénération de la biodiversité, dans ce pays avec une des plus hautes biodiversités du monde.

Un autre coup de cœur, dans l’industrie du café qui se prête très bien à l’agro écologie. Lorsque ça se combine avec la mise sur pied de coopératives avec les populations autochtones, notamment Arhuacas, et la production de documentaires éducatifs, ça devient carrément régénératif et hyper inspirant. Merci à Santiago Roa Duque, fondateur de Jaguar Siembra, qui collabore avec 17 familles autochtones pour la micro production de café et cacao et travaille à la mise sur pied d’un centre culturel pour mettre en valeur la culture et les traditions de ces communautés.  

Fort intéressant également de mieux comprendre les enjeux sur l’industrie de la banane, grâce à Carolina Jaramillo Ferrer de Uniban, la 1^ère entreprise colombienne de commercialisation de produits agroalimentaires. Pour un produit dont le prix n’augmente pas depuis des décennies, toute la charge financière pour mettre en place les mesure en agriculture biologique et les certifications environnementales repose sur les producteurs, qui peinent à rencontrer les attentes des grandes compagnies. À noter le manque de réalisme des acheteurs occidentaux qui ont généralement peu d’idée de ce qui se passe sur le terrain ni de la faisabilité des mesures qu’ils exigent.  

Merci pour ces fenêtres de conscience et d’inspiration qui alimentent mes réflexions et contribuent à faire de moi une humaine plus éclairée…

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