L’engagement des organisations envers la carboneutralité est aujourd’hui indispensable, mais il est important de bien comprendre de quoi il relève : le concept soulève en effet des questions fondamentales. La « carboneutralité » ou le « net zéro émission » est définie par le GIEC comme une situation d’équilibre entre les émissions anthropiques de gaz à effet de serre et leur absorption sur une période définie. Cependant, son interprétation reste floue et peut être mal orientée. En Europe, les dénonciations de greenwashing se multiplient dans les médias : de grandes entreprises comme Easyjet, Nestlé, Gucci se proclamant « carboneutres » sont sous le feu des critiques1.
La carboneutralité ne se rapporte pas à une absence totale d’émissions, mais à une trajectoire consistant à réduire ses émissions au maximum puis à compenser les émissions résiduelles. Néanmoins, se contenter seulement de compenser ses émissions à travers la plantation d’arbres ou l’investissement dans des énergies renouvelables est une approche mathématique non souhaitable qui ne contribue pas à réduire les émissions de GES anthropiques. La compensation présente également des limites physiques, liées à la capacité réelle de stockage du carbone par les arbres et à la gestion durable des forêts.
En France, de grandes institutions comme la Net Zéro Initiative et l’ADEME se positionnent selon l’approche de la « contribution ». Elles soutiennent que la neutralité carbone ne peut s’effectuer qu’à l’échelle de la planète ou d’un État, puisqu’il agit d’un objectif collectif. Ainsi, une entreprise ou un produit ne peuvent être proclamés neutres en carbone. L’ADEME invite les organisations à « se défaire de l’approche purement arithmétique de la neutralité » et à « communiquer de façon transparente, proportionnée et distincte sur les différents leviers de contribution à la neutralité carbone collective »2. Il est suggéré de parler de « contribution individuelle à la neutralité collective », plutôt que de prétendre atteindre un statut de neutralité absolue. Plus largement, l'Union européenne travaille actuellement sur une initiative pour réguler les affirmations environnementales.
Finalement, la carboneutralité est un objectif collectif auquel chaque organisation peut contribuer en s’engageant à « Mesurer ses émissions, Réduire, Compenser ». Il est aussi important que cette démarche soit soutenue par une communication responsable et transparente sur les actions concrètes réalisées, afin de prévenir toute mauvaise interprétation.
1. https://www.novethic.fr/actualite/environnement/climat/isr-rse/easyjet-gucci-nestle-ces-entreprises-qui-abandonnent-la-compensation-carbone-pour-atteindre-la-neutralite-151620.html -
2. https://www.climate-chance.org/wp-content/uploads/2023/03/bs2022_fr_dossier-special_compensation.pdf
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